Le gaabaagang, un espace pour les enfants
Par Sharon Ho
Ouvrez le rideau pour découvrir ce qui ressemble à une étagère au Ekwaamjigenang Children’s Centre et à la place, vous verrez un espace rempli de jouets, d’images, de miroirs et qui contient assez de place pour qu’un enfant s’y allonge.
Cet espace tranquille, également connu sous le nom de Gaabaagang, est un endroit où les enfants peuvent choisir d’aller pour être seuls. Les enfants utilisent l’espace un à la fois et peuvent y rester aussi longtemps qu’ils en ont besoin. L’espace fermé par un rideau existe dans chaque pièce du centre, qu’il s’agisse des tout-petits ou de la maternelle.
Le document et les principes du Gaabaagang ont été créés en collaboration avec l’enseignante-ressource Debbie Levesque EPEI, qui travaille au Lansdowne Children’s Centre à Brantford, en Ontario. L’inspiration est venue un jour où un enfant a demandé à une EPEI où elle allait. Lorsque celle-ci a répondu qu’elle allait faire une pause, l’enfant a répliqué qu’il avait besoin d’une pause lui aussi.
« C’est par respect pour les enfants que le Gaabaagang a vu le jour », déclare Patti Barber EPEI et directrice au Ekwaamjigenang Children’s Centre de la Mississaugas of the New Credit First Nation, dans le sud de l’Ontario.
« Les enfants sont des personnes que les adultes doivent respecter. Le nom Ekwaamjigenang signifie que les enfants sont des cadeaux sacrés et font partie des nombreux cadeaux que le Créateur nous a donnés et dont nous sommes responsables. »
Le G
aabaagang est un endroit où les enfants peuvent marquer un temps d’arrêt ou pleurer, être en colère ou contrariés. Le centre Ekwaamjigenang a introduit l’espace il y a plus d’un an. On apprend aux enfants à respecter le Gaabaagang comme étant un espace individuel et privé.
« Ils peuvent frapper sur le mur ou déchirer le papier », indique Courtney Tuckett, l’EPEI qui travaille dans la salle préscolaire mixte (enfants d’âge préscolaire et de la maternelle). « Il y a une couverture, des jouets lestés et différents objets à l’intérieur de l’espace qui aident vraiment à calmer les enfants. Nous mettons aussi des images au plafond pour que les enfants puissent se concentrer sur quelque chose. Ils disposent d’un espace où ils ne seront pas dérangés. »
Dernièrement, un des enfants dont s’occupe Shannon King EPEI dans la salle préscolaire, a choisi d’entrer dans le Gaabaagang après avoir été contrarié alors qu’un autre enfant essayait de l’aider à construire des rails.
« Il ne voulait parler à personne et ne voulait que personne d’autre construise les rails », explique Mme King. « Alors il s’est levé et est allé dans le Gaabaagang. Les enfants qui ne peuvent pas gérer leurs émotions tout de suite vont dans cet espace et cela a un effet très calmant sur eux. »
Après une visite au Gaabaagang, l’enfant parle de ses émotions avec une EPEI. Les EPEI se mettent à proximité du Gaabaagang pour que l’enfant sache qu’ils sont disponibles pour parler ou donner un câlin lorsque l’enfant est prêt. L’espace nous permet d’arriver à une corégulation entre l’enfant et l’EPEI.
« Nous sentons que les enfants sont vulnérables quand ils sont profondément contrariés et souffrent », indique Mme Barber. « Ils sont dérégulés. Lorsqu’ils sont dérégulés, ils ne comprennent peut-être pas tous ces sentiments profonds qu’ils ressentent. Ils ont besoin du soutien et de l’aide d’un adulte bienveillant pour se réguler à nouveau. Les adultes les aident à coréguler leurs émotions, à mettre un nom dessus et à en parler. »
Les EPEI au centre Ekwaamjigenang disent aux enfants « nimajii-toomin maamwi », ce qui signifie Nous cheminons ensemble.
« Nous utilisons ce terme pour dire à l’enfant “nous sommes là pour t’aider” parce que, pour le moment, il se peut que l’enfant vous rejette (l’adulte) », poursuit Mme Barber. « Mais en fin de compte, les enfants ont envie d’avoir un adulte bienveillant à proximité. »
Dans ce
que Ekwaamjigenang appelle
un « document vivant », les principes
du Gaabaagang :
- Encourager et appuyer la maîtrise de soi et la régulation chez les enfants.
- Promouvoir la gentillesse et le respect des enfants.
- Permettre aux enfants de prendre le temps de se calmer et d’attendre jusqu’à ce qu’ils aient les idées claires pour agir.
- Permettre aux enfants d’être dans un meilleur état d’esprit, ce qui leur permet ensuite d’être ouverts à la discussion par rapport à ce qui s’est passé et à ce qu’il convient de faire.
- Aider les enfants à former des perceptions positives d’eux-mêmes, du monde qui les entoure et de leur comportement.
- Appuyer les enfants qui ont mal à réguler leurs émotions et les aider à identifier et à valider ce qu’ils ressentent.
Cet article a initialement été publié dans le numéro Automne 2015 de Connexions. Lisez le numéro complet ici.