Note de pratique sur les croyances et les préjugés
Les messages que nous recevons
Nous avons tous des croyances et des préjugés
Avoir des croyances et des préjugés est ce qui fait de nous des êtres humains. Ce qu’un individu apprend sur le monde et sur la façon dont la société est structurée et fonctionne est façonné par les messages reçus précocement et constamment de la famille, des pairs, des éducateurs, des mentors et d’un large éventail de sources médiatiques. Mais souvent, à la fois de manière évidente ou subtile, la société transmet des messages inexacts.
Ces messages découlent, entre autres, de croyances et d’opinions anciennes sur :
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- qui et ce qui est valorisé dans la société;
- qui est capable et qui a besoin d’aide;
- la façon dont les personnes et les groupes sont censés fonctionner.
Ces messages dominants influencent fortement le comportement des gens et les croyances qu’ils se forgent, entretiennent et préservent.
Volontairement et involontairement, les gens recherchent des « preuves » qui confirment leurs croyances. Ils cherchent des informations, recherchent d’autres personnes pour appuyer ces convictions. Il s’agit du biais de confirmation, un type de biais cognitif qui consiste à privilégier les informations qui confirment vos croyances ou vos préjugés existants. Cela se produit lorsque les individus recherchent activement des « preuves » ou favorisent des informations qui confirment leurs croyances existantes tout en ignorant ou en omettant de rechercher celles qui pourraient les contrecarrer ou les perturber.
Notez à quelle fréquence et de quelle manière les messages sur ce qui est considéré comme acceptable, commun et approprié dans la société font surface :
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- dans les médias;
- lors de conversations avec votre famille et vos pairs;
- dans vos échanges avec vos collègues, les familles et les enfants;
- dans les politiques et pratiques mises en place sur votre lieu de travail.
Les messages dominants s’infiltrent dans nos expériences quotidiennes, ce qui les rend très puissants. Ils peuvent être généralement nuisibles, mais peuvent l’être davantage lorsqu’ils passent inaperçus. Les mettre en lumière et y réfléchir de manière critique peut favoriser le changement et vous faire progresser.
Vous trouverez ci-dessous quelques exemples de messages puissants qui sont souvent véhiculés de manière subtile. Passez la liste en revue et réfléchissez à d’autres messages biaisés que vous pourriez rencontrer. Faites part de vos observations à vos collègues et réfléchissez ensemble à l’incidence de ces préjugés sur votre pratique professionnelle et sur les personnes de votre milieu d’apprentissage :
• Le mariage est une union entre un homme et une femme. • Si les femmes ont des enfants, elles sont mariées. • Noël est la fête la plus importante. • Les enfants ne voient pas la race. • Être mince, c’est être en bonne santé. • Les familles ont accès à des modes de transport. • Tous les enfants ont la possibilité de jouer. |
• L’eau du robinet est potable partout. • Le genre est déterminé à la naissance. • Tout le monde peut marcher. • Toutes les familles voyagent pendant les vacances d’été. • Les gens qui ont un accent ne viennent pas du Canada. • Les Canadiens ne sont pas racistes. |
Demandez-vous si l’un de ces messages puissants de la société pourrait influencer vos croyances ou vos préjugés et, par conséquent, nuire à un enfant, une famille ou un collègue. Dans certains cas, identifier certaines de vos croyances conscientes peut sembler relativement facile, mais y réfléchir en profondeur peut également vous aider à prendre conscience de vos croyances inconscientes.
Voici un exemple en lien avec l'exercice de la profession.
En tant qu’EPEI, vos études et votre formation vous ont exposé(e) à des informations, des recherches et des expériences pratiques soulignant l’importance de programmes d’apprentissage et de garde axés sur le jeu. Vous avez fondé – et continuez d’entretenir – cette croyance grâce à un apprentissage professionnel continu centré sur l’importance de l’enquête et du jeu. Votre pratique pédagogique et la conception d’un curriculum inclusif sont influencées par vos convictions sur l’importance du jeu.
Lors de vos conversations avec les familles, vous exprimez ces convictions et les encouragez à jouer avec leurs enfants. Vous supposez qu’elles partageront votre passion et vos convictions et qu’elles prendront donc le temps de jouer.
Certaines familles vous racontent leurs expériences positives en matière d’enquête et de jeu, ce qui confirme vos convictions sur leur importance. Si la famille a pris le temps de jouer, vous pouvez également supposer qu’elle se soucie beaucoup de ses enfants.
En revanche, certaines familles ne partagent pas leurs expériences ou expriment une certaine frustration à l’égard du jeu. Vous croyez fermement en l’importance de cette activité d’apprentissage et pensez que les familles qui jouent avec leurs enfants s’intéressent vraiment à eux. Par conséquent, vous risquez de supposer que les familles ne s’en soucient pas si elles :
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- ne jouent pas;
- n’essaient pas d’en comprendre l’importance;
- ne jouent pas de la façon en laquelle vous croyez;
- ne parlent pas du jeu.
Vos croyances sur l’importance du jeu et sur l’approche de chaque famille en la matière conduisent à des suppositions générant des préjugés sur certains enfants et leurs familles. Ces préjugés peuvent, inconsciemment ou consciemment, influencer la façon dont vous interagissez avec eux.
Dans l’exemple ci-dessus, l’EPEI est consciente de ses croyances sur le jeu. Ces croyances et préjugés conscients influencent les suppositions que l’EPEI fait sur les familles et leurs différentes réponses à l’égard du jeu. Mais la pratique de l’EPEI est également influencée par des croyances dont elle n’est peut-être pas consciente. Ces croyances et préjugés inconscients peuvent influencer davantage sa pratique. Pour les découvrir, il est clair qu’une réflexion plus approfondie est nécessaire.
S’il est important d’examiner vos croyances et préjugés conscients, il est peut-être d’autant plus crucial de creuser davantage pour prendre conscience de vos croyances et préjugés inconscients. Tout le monde en a et, comme le terme le suggère, ils sont potentiellement nuisibles, car moins évidents ou pas évidents du tout.
Selon la norme IV, les EPEI donnent l’exemple en matière de valeurs, de croyances et de comportements professionnels auprès des enfants, des familles et des collègues. Ils comprennent que leur conduite façonne leur image en tant que professionnels et qu’elle représente la profession en tout (C.4).
N’oubliez pas que tout le monde a des croyances et des préjugés qui influencent leurs décisions et comportements. Lorsque vous réfléchissez à vos croyances, suppositions et préjugés, les étapes suivantes peuvent vous guider dans ce processus de prise de conscience. Ces questions peuvent être difficiles, mais en y réfléchissant et en prenant des mesures pour influencer positivement votre pratique, vous pouvez prévenir tout préjudice potentiel pour les enfants, les familles ou vos collègues.